Burn-out et arrêt de travail : 27 questions pour maîtriser vos droits et obligations

Un homme se prenant la tête dans les mains
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Il se peut que vous soyez familier avec les termes « burn-out » et « arrêt de travail ». Vous ressentez peut-être une fatigue constante, un sentiment d’épuisement qui s’infiltre au plus profond de vous. Vous êtes vidé, usé par un travail qui vous a pris plus que ce que vous pouviez donner.

Ce que vous vivez n’est pas juste une « mauvaise journée » ou une « semaine stressante ». C’est quelque chose de plus profond, de plus durable. C’est un épuisement professionnel, un burn-out.

Avant de plonger dans le vif du sujet, clarifions ce qu’est réellement un burn-out. Il s’agit d’un syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès. Il se caractérise par trois dimensions : épuisement émotionnel, cynisme ou détachement vis-à-vis du travail, et une diminution de l‘efficacité professionnelle.

Face à une telle situation, il est essentiel de connaître vos droits et obligations. Un arrêt de travail induit par un burn-out peut entraîner des conséquences juridiques et financières majeures. D’autant plus, il s’érige comme un rempart protégeant votre bien-être mental et physique, contre une détérioration supplémentaire.

A présent, vous voilà face à une décision lourde de conséquences : l’arrêt de travail. Si vous êtes en train de lire ces lignes, c’est que vous avez peut-être déjà franchi le pas. Ou peut-être y songez-vous sérieusement.

Cependant, sachez que cette situation ne doit pas être prise à la légère. Elle s’accompagne d’une multitude d’interrogations qui affluent et s’entremêlent dans votre esprit déjà tourmenté : Comment obtenir cet arrêt de travail ? Quels sont vos droits en tant que salarié ? Quelles sont vos obligations ? Et la reprise d’activité, comment se passe-t-elle ?

Vous vous sentez submergé par ces questions. Les incertitudes se mêlent à l’angoisse, accentuant votre sentiment de vulnérabilité. Vous vous demandez si vous allez perdre votre emploi, si vous allez réussir à maintenir votre niveau de vie, si vous allez pouvoir reprendre le travail un jour… Et si oui, comment ?

Rassurez-vous, cet article a été spécialement conçu pour vous apporter des réponses, dissiper vos doutes, et vous guider à travers droits et obligations. C’est un guide, une feuille de route qui vous accompagnera dans cette période compliquée.

À travers 27 questions précises, nous allons explorer ensemble les différentes facettes de l’arrêt de travail pour burn-out, dans le but d’affronter cette situation avec sérénité et confiance. Parce que vous n’êtes pas seul, et, il existe bel et bien une lumière au bout du tunnel.

Pour enrichir cet article, nous avons eu le privilège de collaborer avec Elen Mailfert, assistante sociale spécialisée en santé au travail et experte reconnue dans le domaine psychosocial et professionnel.
Elle propose un article en libre accès pour aider ceux qui cherchent à reprendre leur travail après une maladie, un accident, ou un arrêt. Vous pouvez accéder à cet article en cliquant sur ce lien

A présent, plongeons ensemble dans ces 27 questions cruciales qui vous aideront à maîtriser vos droits et obligations en cas d’arrêt de travail pour burn-out…

Partie 1 : Se mettre en arrêt de travail pour burn-out

Ce que vous vivez n’est pas juste une « mauvaise journée » ou une « semaine stressante ». C’est quelque chose de plus profond, de plus durable. C’est un épuisement professionnel, un burn-out. Mais que signifie exactement ce terme ? 

Sommaire

Imaginez un bateau pris dans une tempête. Les vagues se déchaînent, l’eau s’infiltre de partout, et vous, au milieu de ce chaos, vous essayez désespérément de garder le cap. Le burn-out, c’est un peu comme cette tempête. Vous êtes le capitaine du navire et vous devez prendre une décision essentielle pour sauver votre bateau : faire une pause, mettre les voiles en berne et attendre que la tempête passe. A ce stade, envisager  un arrêt de travail pour burn-out devient une étape nécessaire.

Question n°1 : comment obtenir un arrêt de travail pour burn-out ?

Lorsque vous vous trouvez englouti dans la spirale infernale du surmenage, obtenir un arrêt  pour burn-out devient une nécessité. Il est vital de prendre des mesures concrètes pour préserver votre santé et amorcer le processus de guérison. Dans cette perspective, votre médecin devient un interlocuteur clé pour vous aider à retrouver votre équilibre.

Discutez ouvertement avec votre médecin de vos symptômes, de votre fatigue et de votre niveau d’épuisement. En partageant votre expérience, vous permettez au professionnel de santé de comprendre pleinement votre situation et de vous apporter le soutien nécessaire. Selon l’intensité de votre burn-out ainsi que ses répercussions sur votre vie professionnelle et personnelle, votre médecin pourra envisager de vous prescrire un arrêt de travail

Obtenir un arrêt de travail en cas de burn-out n’est pas une démarche automatique. Il s’agit plutôt d’un recours lorsque le surmenage professionnel commence à avoir des conséquences graves sur votre santé mentale et physique. La décision repose sur une évaluation médicale approfondie. Celle-ci prend en compte vos symptômes, vos capacités fonctionnelles et votre situation globale.

Votre médecin jugera de la nécessité d’un arrêt de travail pour faciliter votre rétablissement. C’est une étape essentielle pour prendre du recul, évaluer votre état actuel et élaborer des stratégies adaptées pour retrouver un équilibre durable.

Dans cette démarche, il peut être extrêmement bénéfique de vous rapprocher de spécialistes dans le domaine du soutien en cas de burn-out. A cet égard, n’hésitez pas à consulter l’article d’Elen MAILFERT « Maladie, accident, arrêt de travail… Reprendre son activité et se maintenir en emploi« .

Rappelez-vous qu’il est important de faire preuve de bienveillance envers vous-même et de prendre le temps nécessaire pour vous rétablir. L’arrêt de travail vous offre une pause bénéfique, vous permettant de reprendre votre souffle. Il vous aide à trouver une certaine stabilité pour repartir sur de bonnes bases. 

Question n°2 : Faut-il s'arrêter pour une maladie professionnelle ou une maladie simple en cas d’épuisement au travail ?

Burn-out et arrêt maladie vont souvent de pair. Mais alors, comment faire la distinction entre un arrêt de travail pour cause de maladie professionnelle ou pour maladie ordinaire ?

S’arrêter pour une maladie professionnelle, c’est un peu comme jeter l’ancre dans une baie abritée. Le chemin peut être plus compliqué, mais le réconfort et la sécurité qu’il offre sont plus importants. Il vous offre plus de droits pendant et après votre arrêt maladie. Il peut aussi vous donner une meilleure position pour négocier un départ ou en cas d’inaptitude au travail.

Cependant, obtenir la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle peut ressembler à naviguer en eaux inconnues. D’ailleurs, beaucoup de médecins ne sont pas conscients de cette possibilité. C’est là qu’un avocat peut être votre phare dans la brume. Un avocat peut vous aider à persuader votre médecin de prescrire un arrêt pour maladie professionnelle

Si vous avez besoin d’aide pour naviguer sur ces eaux incertaines, n’hésitez pas à prendre rendez-vous ou télécharger notre guide juridique sur le burnout

Question n°3 : Comment faire reconnaître un burn-out en maladie professionnelle ?

Pour faire reconnaître un burn-out en tant que maladie professionnelle, vous devez remplir certaines conditions. Tout d’abord, la maladie doit être directement et essentiellement causée par le travail. De plus, elle doit entraîner un taux d’incapacité permanente d’au moins 25%.

La première étape consiste à consulter un médecin et lui demander un certificat médical. Si le médecin estime que votre état de santé est lié à votre activité professionnelle, il pourra émettre un certificat médical de maladie professionnelle. Ce document est essentiel dans le processus de reconnaissance de la maladie.

Une fois que vous avez obtenu le certificat médical, vous devez le transmettre à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM). La CPAM sera chargée de mener une enquête et d’évaluer si la maladie peut être reconnue comme professionnelle. 

Dans certains cas, la CPAM pourra saisir un comité de médecins appelé le Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP). Cette démarche vise à obtenir un avis médical supplémentaire sur le lien entre votre affection psychique et votre travail.

Une fois toutes les étapes de l’enquête et de l’expertise médicale terminées, la CPAM rendra une décision quant à la reconnaissance de votre burn-out en tant que maladie professionnelle. Vous serez informé de cette décision, ainsi que de vos droits et des éventuels recours disponibles en cas de contestation.

Il est important de noter que le processus de reconnaissance d’un burn-out en tant que maladie professionnelle peut être complexe. Il nécessite une documentation médicale solide et une argumentation claire du lien avec le travail. Si vous rencontrez des difficultés ou avez des questions, il peut être utile de consulter un avocat.

Question n°4 : Quels sont les droits du salarié en cas de reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle ?

Comme un navigateur qui voit enfin la terre après une longue traversée en mer, le fait que votre burn-out soit reconnu comme maladie professionnelle peut vous apporter une certaine sécurité. Cela vous ouvre la voie à une meilleure prise en charge

  • Protection contre le licenciement : durant votre arrêt de travail pour maladie professionnelle, votre contrat de travail est suspendu. Cela vous offre une protection contre le licenciement, sauf en cas de faute grave ou si l’employeur est dans l’impossibilité de maintenir le contrat pour un motif non lié à la maladie. 
  • Indemnités de sécurité sociale majorées : une maladie reconnue comme professionnelle vous donne droit à des indemnités journalières majorées comparées à celles d’une maladie ordinaire. 
  • Indemnisation spécifique en cas d’Incapacité Permanente Partielle (IPP) : si le burn-out a des répercussions durables sur votre santé, une indemnisation spécifique est prévue.

     

  • Doublement de l’indemnité de licenciement : si vous êtes déclaré inapte à la suite de votre burn-out reconnu comme maladie professionnelle et que cette inaptitude conduit à un licenciement, votre indemnité de licenciement sera doublée. Cette disposition peut être une porte de sortie acceptable en cas d’échec des négociations de départ. En outre, cela renforce votre position pour être indemnisé aux prud’hommes pour le préjudice causé par votre employeur.

La reconnaissance de votre surmenage comme maladie professionnelle peut vous apporter un soutien et une sécurité supplémentaires dans votre parcours de guérison.

Naviguer dans le droit du travail peut être complexe. Pour autant, il est crucial d’être bien informé afin de prendre les meilleures décisions pour votre santé et votre avenir. C’est pourquoi nous allons aborder dans la partie 2 les « Droits du salarié en arrêt de travail pour burn-out ».

Nous vous aiderons à y voir plus clair pour faire face à cette épreuve avec les meilleures informations possibles.

Partie 2 : Droits du salarié en arrêt de travail pour burn-out

Partenaires d'affaire assis dans un café
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Après avoir abordé l’arrêt de travail pour épuisement professionnel, voyons maintenant quels sont les droits du salarié dans cette situation. Naviguer dans ce dédale de règles peut s’avérer déroutant, mais ne vous inquiétez pas, je suis là pour vous guider ! 

Question n°5 : Comment garantir mon niveau de vie pendant mon arrêt de travail pour burn-out ?

En réalité, pendant votre arrêt maladie, ce n’est pas directement votre employeur qui continue de vous verser votre salaire. À la place, vous allez percevoir des indemnités journalières de la Sécurité Sociale. Ces indemnités peuvent être versées directement par l’Assurance Maladie, ou par l’intermédiaire de votre employeur si la subrogation est en place.

De plus, votre employeur pourrait, sous certaines conditions, être tenu de compléter ces indemnités afin de garantir une part de votre salaire habituel. Si votre employeur a souscrit à un contrat de prévoyance, une partie de votre rémunération pourrait être maintenue.

Mais n’oublions pas un autre acteur important : votre convention collective. Cette dernière peut prévoir des dispositions spécifiques pour maintenir votre niveau de vie.

Et n’oubliez pas vos assurances ! Si vous avez des prêts, votre assurance peut prendre en charge le paiement de vos échéances pendant l’arrêt maladie.

L’accompagnement d’un avocat peut être très précieux pour passer en revue ces différents dispositifs et optimiser le maintien de votre niveau de vie.

Alors, même en pleine tempête, des solutions existent pour garantir votre niveau de vie. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à prendre rendez-vous ou télécharger notre guide juridique sur le burnout

Question n°6 : Quelles sont les indemnités journalières versées par la sécurité sociale ?

Dans le  cas d’un arrêt maladie non professionnelle, la Sécurité Sociale vous verse des indemnités journalières équivalentes à 50% de votre salaire journalier de base. Et ce, avec un montant maximum de 51,70 € brut par jour.

En revanche, si votre maladie est reconnue comme professionnelle par la CPAM, les choses sont différentes. Votre employeur opérera une régularisation du montant de vos indemnités journalières de la Sécurité Sociale.

Question n°7 : Quel salaire est pris en compte dans le calcul des indemnités journalières ?

Pour calculer le montant des indemnités journalières, c’est votre salaire brut qui servira de référence.

Question n°8 : Vais-je percevoir les indemnités journalières dès le premier jour de mon arrêt maladie ?

Vous percevrez les indemnités journalières après un délai de carence de 3 jours.  

Pour bénéficier des indemnités journalières, vous devez :  

  • Soit avoir travaillé au moins 150 heures au cours des 3 mois civils ou des 90 jours précédents l’arrêt ; 
  • Soit avoir cotisé, au cours des 6 mois précédant l’arrêt, sur la base d’une rémunération au moins égale à 1 015 fois le montant du SMIC horaire fixé au début de cette période.  

Si votre arrêt maladie dépasse une durée de 6 mois, d’autres conditions sont requises. Il faut notamment que l’Assurance Maladie donne son accord.

Question n°9 : Vais-je recevoir un complément de salaire de la part de mon employeur ?

Oui, votre employeur est tenu de vous verser un complément de salaire, s’ajoutant aux indemnités journalières de la Sécurité Sociale, à condition que vous remplissiez certaines conditions. Ces exigences comprennent une ancienneté minimale d’un an au sein de l’entreprise et l’envoi de votre certificat médical dans les 48 heures suivant la réception.

Question n°10 : Quel est le montant total que je vais percevoir et pendant combien de temps ?

Le montant ainsi que la durée d’indemnisation, qui combinent la part de la Sécurité sociale et celle de l’employeur varient en fonction de votre ancienneté dans l’entreprise, comme détaillé ci dessous :  

Pour bénéficier de ce complément, vous devez satisfaire plusieurs conditions :  

  • Avoir au moins 1 an d’ancienneté dans l’entreprise au jour de votre absence. 
  • Avoir transmis à votre employeur le certificat médical dans les 48 heures.  
  • Bénéficier des indemnités journalières de la sécurité sociale  
  • Être soigné en France, ou au sein d’un État membre de l’espace économique européen 
  • Vous ne devez pas être travailleur à domicile ou salarié saisonnier, intermittent ou temporaire.

Votre convention collective peut prévoir des dispositions spécifiques à ce sujet et il convient de les analyser. Par ailleurs, au-delà  d’un certain délai, l’assurance prévoyance prend le relai pour maintenir votre salaire.

Question n°11 : Comment fonctionne la prévoyance en cas d'arrêt de travail pour surmenage ?

Dans la tempête du burn-out, la prévoyance agit comme un vent favorable, vous aidant  à maintenir votre niveau de vie. Elle intervient ensuite auprès de votre employeur pour continuer à vous verser tout ou partie de votre salaire initial. Si votre entreprise a souscrit à un contrat de prévoyance, cela fonctionne comme un filet de sécurité supplémentaire pendant votre période de burn-out.

En règle générale, si vous êtes couvert par un contrat de prévoyance, une notice explicative devrait vous avoir été remise lors de votre embauche. Si cela n’a pas été le cas, vérifiez vos fiches de paie où les cotisations de prévoyance sont généralement détaillées. Vous saurez alors si vous êtes couvert par ce type de contrat.
En outre, votre convention collective peut contenir des informations précieuses. En effet, elle peut imposer la mise en place d’un contrat de prévoyance dans votre entreprise.

Ces détails sont essentiels, car dans la pratique, si vous tentez de vous adresser directement à l’organisme de prévoyance, il se peut qu’il renvoie la responsabilité du déclenchement de vos droits à votre employeur. C’est à ce moment qu’un professionnel du droit de travail peut intervenir. Un avocat pourra mettre en demeure votre employeur et ainsi déclencher votre indemnisation.

Naviguer à travers ces eaux administratives et juridiques peut être difficile, surtout lorsque vous faites face au burn-out. Si vous avez besoin d’aide pour maintenir le cap,  n’hésitez pas à prendre rendez-vous ou télécharger notre guide juridique sur le burnout

Question n°12 : Que faire si mon employeur n'envoie pas l'attestation de salaire à la CPAM ?

L’omission de l’envoi de l’attestation de salaire à la CPAM par votre employeur n’est pas juste une simple négligence, c’est une infraction à ses obligations légales. Si votre employeur refuse de transmettre ce document essentiel, le conseil de prud’hommes peut le condamner à vous verser des dommages et intérêts. Pour cela, il vous faudra engager un contentieux. 

Dans ce cas, un avocat peut être un allié précieux pour vous aider à débloquer la situation. Notamment en mettant en demeure votre employeur. C’est une façon de faire respecter vos droits, en rappelant à votre employeur ses obligations légales.

En attendant, vous pouvez prendre les choses en main et transmettre vos trois derniers bulletins de salaire à la CPAM. Ces fiches de paie devront être accompagnées d’une attestation sur l’honneur mentionnant votre dernier jour travaillé. C’est une mesure provisoire qui peut aider à assurer que vous recevez les prestations auxquelles vous avez droit pendant cette période difficile.

Si vous vous sentez perdu dans ce labyrinthe administratif, n’hésitez pas à prendre rendez-vous ou télécharger notre guide juridique sur le burnout

Question n°13 : Puis-je être licencié en arrêt maladie ?

Le licenciement d’un salarié en raison de son arrêt maladie est interdit. De la même manière, si vous refusez de travailler pendant votre arrêt maladie, cela ne peut pas constituer une raison de licenciement.

Cependant, des exceptions existent. En effet, même pendant un arrêt maladie ordinaire, un licenciement peut se produire si : 

  • Votre absence perturbe le fonctionnement de l’entreprise. 
  • Un remplacement définitif est nécessaire. 
  • Il y a un motif économique. 
  • En cas de fautes commises. 

 

La protection est renforcée si l’arrêt est lié à une maladie professionnelle, un harcèlement ou une grossesse

Partie 3 : Obligation du salarié en cas d’arrêt pour surmenage au travail

Collègues qui discutent au travail
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Dans ce nouveau chapitre, nous allons nous concentrer sur vos obligations en tant que salarié durant un arrêt pour burn-out. Comme le marin respecte les codes de navigation pour garder son cap, vous devez vous aussi respecter certaines règles pour assurer le bon déroulement de votre arrêt maladie.

Question n°14 : Peut-on sortir de son domicile pendant un arrêt maladie ?

Lorsque vous êtes en arrêt maladie pour burn-out, deux situations peuvent se présenter : 

  • Soit votre médecin  estime nécessaire de vous interdire de sortir pendant votre arrêt maladie
  • Ou bien, il peut juger que sortir ne nuira pas à votre rétablissement et vous autoriser à quitter votre domicile pendant votre arrêt maladie. Dans ce cas, vous devez être présent à votre domicile de 9h à 11h et de 14h à 16h. Cette contrainte vaut aussi pour les samedis, dimanches et jours fériés. Toutefois, une exception peut être faite si vous avez à recevoir des soins ou à passer des examens médicaux.

Cependant, votre médecin peut vous accorder une exemption vous autorisant des sorties libres en raison de conditions médicales spécifiques. Ces conditions devront être précisées dans votre arrêt de travail.

Question n°15 : L’employeur peut-il contrôler mon état de santé pendant mon arrêt de travail ?

La réponse est oui : votre employeur dispose d’un droit de contrôle, mais des règles précises sont à respecter.

Il peut mandater un médecin pour effectuer une contre-visite à votre domicile afin de vérifier que votre interruption de travail est bien justifiée. Ce contrôle se déroule chez vous, soit en dehors des heures de sortie autorisées si celles-ci ont été définies, soit au moment que vous choisissez si vos sorties sont libres.

Refuser cette contre-visite sans raison légitime vous expose à la perte du complément de salaire versé par votre employeur. De plus, le médecin contrôleur peut informer le service du contrôle médical de la Sécurité Sociale. Ce dernier pourrait alors suspendre le versement de vos indemnités journalières ou vous convoquer pour un autre contrôle médical.

En cas d’absence lors de la visite du médecin contrôleur (sauf motif légitime), votre employeur a le droit de suspendre le paiement des indemnités complémentaires de maladie.

En outre, il est important de savoir que la plupart des assurances proposant un contrat de prévoyance se réservent également la possibilité d’envoyer un médecin contrôleur. Si ce dernier estime que votre état de santé justifie une reprise du travail, la prévoyance pourrait interrompre le versement des indemnités d’incapacité temporaire.

Sachez que le médecin contrôleur n’est pas là pour établir un diagnostic ou vous prescrire un traitement. Son rôle est uniquement de vérifier la réalité de votre incapacité de travail.

Question n°16 : Puis-je poursuivre une activité professionnelle ou bénévole pendant mon arrêt maladie ?

Lorsque vous êtes en arrêt maladie, vous devez normalement vous consacrer à votre rétablissement. De fait, vous ne devez et ne pouvez pas exercer d’activité professionnelle ou bénévole. 

Question n°17 : Puis-je pratiquer du sport pendant mon arrêt maladie ?

En principe, vous ne pouvez pas pratiquer d’activité sportive durant votre arrêt maladie, y compris pendant les heures de sortie autorisées. Cependant, une exception peut être faite si vous bénéficiez d’une autorisation expresse de votre médecin.

Question n°18 : Puis-je voyager ou me déplacer pendant mon arrêt maladie ?

Lorsque vous êtes en arrêt maladie, il est important de prendre en compte certaines restrictions concernant vos déplacements et vos activités. En règle générale, vous ne pouvez quitter votre domicile qu’aux horaires précisés par votre médecin traitant. Il vous est interdit de voyager en dehors de votre département de résidence. À moins d’obtenir une autorisation préalable de votre Caisse d’Assurance Maladie

Si vous envisagez de voyager pendant votre arrêt maladie, vous devez absolument faire une demande d’autorisation à votre caisse primaire d’assurance maladie. Cette demande doit être formulée par écrit, par courrier, et être transmise au moins 15 jours avant la date prévue de votre départ. Il est essentiel d’y inscrire les dates de votre séjour ainsi que l’adresse précise du lieu où vous séjournerez. Cela comprend le numéro, la rue, la ville, le pays et le nom de l’hébergeur le cas échéant. Après examen de votre demande, votre caisse vous fera connaître sa décision.

Notez qu’il est fortement recommandé de faire cette demande au moins 1 mois avant la date souhaitée de votre départ. Ne pas respecter cette exigence peut entraîner des conséquences, telles que le remboursement des indemnités journalières que vous avez perçues pendant votre arrêt maladie.

Question n°19 : Puis-je suivre une formation pendant mon arrêt maladie ?

Oui, durant votre arrêt de travail, vous pouvez suivre une formation. Mais pour cela, vous devez obtenir l’accord de votre médecin.

Il doit s’agir de l’une des formations suivantes : 

  • Actions de formation (elles permettent d’atteindre un objectif professionnel) 
  • Bilan de compétences 
  • Actions permettant de faire valider les acquis de l’expérience (VAE) 
  • Actions de formation par apprentissage

Il peut également s’agir de suivre des actions auxquelles la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) participe. Ces dernières sont liées à l’évaluation, l’accompagnement, l’information et le conseil.

Vous devez vous rendre chez votre médecin traitant pour obtenir son accord écrit. 

Vous devez ensuite transmettre cet accord par courrier à la CPAM, de préférence par lettre recommandée avec avis de réception.

La durée de la formation doit être compatible avec la durée prévisionnelle de l’arrêt de travail pour que la CPAM donne son accord.

Ensuite, cet accord est transmis au salarié et à l’employeur.

Vous continuez de percevoir les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale tout le temps que vous êtes en formation.

Question n°20 : Quelles sont les conséquences en cas de pratique d’une activité interdite pendant mon arrêt maladie ?

Si vous exercez une activité interdite pendant l’arrêt maladie, vous devrez restituer les indemnités journalières qui vous ont été versées par votre organisme de sécurité sociale : CPAM, MSA. Il est donc impératif de respecter les règles et recommandations établies pour garantir une transition réussie vers votre réintégration au travail.

Après avoir traversé cette tempête émotionnelle qu’est le burn-out, il est temps de préparer votre reprise du travail. Dans cette quatrième partie, nous aborderons les différentes questions liées à ce processus de transition.

Partie 4 : Burn-out et reprise du travail après l’indemnisation en arrêt maladie

Une femme est à son bureau et rassemble ses effets personnels dans une boite.
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Après avoir surmonté un épisode de burn-out et bénéficié d’une période d’arrêt maladie pour récupérer et vous ressourcer, il est temps d’aborder la question de votre retour au travail. La reprise professionnelle après un arrêt maladie peut susciter des interrogations et des préoccupations légitimes. Dans cette partie, nous aborderons plusieurs aspects importants liés à cette étape de transition.

Question n°21 : Comment puis-je préparer ma reprise du travail après mon arrêt maladie ?

La préparation de votre retour au travail après un arrêt maladie est essentielle pour assurer une transition en douceur. Voici quelques conseils pour vous aider à vous préparer efficacement : 

  • Consultez votre médecin traitant : avant de reprendre le travail, il est important de consulter votre médecin traitant. Il évaluera votre état de santé et vous donnera son autorisation pour la reprise. Profitez de cette consultation pour discuter de votre situation, de vos besoins et des éventuelles recommandations à prendre en compte pour faciliter votre retour au travail. 
  • Envisagez un mi-temps thérapeutique : si votre état de santé le nécessite, votre médecin traitant peut vous prescrire un mi-temps thérapeutique. Cette mesure permet d’adapter votre charge de travail et votre temps de présence au bureau à vos capacités physiques et mentales actuelles. Le mi-temps thérapeutique favorise une reprise progressive et vous permet de vous réadapter progressivement aux exigences professionnelles.
  • Informez votre employeur : avant votre retour, n’oubliez pas d’informer  votre employeur de votre date de reprise et des ajustements nécessaires qui pourraient être requis, en accord avec les recommandations de votre médecin Une communication ouverte et transparente permettra de faciliter votre réintégration.
  • Bénéficiez d’un accompagnement : si nécessaire, recherchez un accompagnement professionnel pour vous aider dans votre retour au travail. Des experts tels qu’Elen Mailfert, reconnue pour ses contributions significatives dans le domaine de la santé au travail, peuvent fournir des conseils et des orientations précieux à ce stade. Des services tels que le bilan de compétences ou le coaching peuvent être utiles pour évaluer vos acquis et identifier les perspectives professionnelles adaptées à votre situation, renforçant ainsi votre confiance en vous. Vous pouvez aussi vous rapprocher de professionnels de santé, tels que des psychologues du travail, qui seront capables de vous proposer un accompagnement en cas d’arrêt de travail et veiller à ce que votre reprise d’activité se fasse dans les meilleures conditions.
  • Adressez-vous au médecin du travail : enfin, prenez contact avec le médecin du travail de votre entreprise pour évaluer votre aptitude au poste et discuter des aménagements éventuels pour un retour optimal. 

En préparant votre reprise du travail de manière proactive, en tenant compte des recommandations médicales et en communiquant ouvertement avec votre employeur, vous augmentez vos chances de réussir votre retour professionnel après un arrêt maladie. N’hésitez pas à solliciter l’aide de professionnels et à vous entourer d’un soutien adéquat pour vous accompagner dans cette étape importante.

Question n°22 : Acquiert-on des congés payés lors d’un arrêt maladie ?

Oui. Selon la jurisprudence de la Cour de cassation du 13 septembre 2023, un salarié en arrêt maladie, y compris pour burn-out, continue d’acquérir des droits à congés payés. Cela concerne non seulement les quatre semaines de congé principal définies par la directive européenne, mais également les jours additionnels établis par la législation française.

Si vous êtes ou avez été dans une telle situation, il est recommandé de solliciter une régularisation de vos droits à congé auprès de votre employeur. Initiez cette démarche par l’envoi d’un email à votre entreprise, exprimant clairement votre demande de régularisation et en vous appuyant sur cette jurisprudence récente.

Cette action permettra d’éviter des litiges futurs et de clarifier vos droits en matière de congés payés selon la législation en vigueur.

Question n°23 : Vais-je retrouver mon poste à mon retour d’arrêt maladie ?

Vous avez le droit de retrouver votre poste initial après un arrêt maladie, sauf en cas de circonstances exceptionnelles. Votre employeur est tenu de vous réintégrer dans l’emploi que vous occupiez avant votre arrêt maladie, ou dans un emploi similaire.

Question n°24 : Que faire si je n'ai plus de droits à l'assurance maladie, mais que je suis dans l’incapacité de reprendre le travail ?

Si vous n’avez plus de droits à l’assurance maladie, mais que vous n’êtes pas en mesure de reprendre le travail, il est important de prendre les mesures appropriées. La priorité étant d’assurer votre situation financière et votre réinsertion professionnelle.

Dans ce cas, vous pouvez prendre rendez-vous avec le médecin du travail pour évaluer votre capacité de reprise et discuter des aménagements possibles pour faciliter votre retour au travail. Si ce dernier déclare votre inaptitude au poste, vous pourrez entamer les démarches nécessaires pour obtenir des allocations ou des prestations d’invalidité.

Question n°25 : Puis-je revenir travailler avant la fin de mon arrêt maladie ?

Une femme est à son bureau et rassemble ses effets personnels dans une boite.

Oui, il est possible de revenir travailler avant la fin de votre arrêt maladie en France. Cependant, cela doit se faire en accord avec votre médecin traitant. Si vous estimez être en mesure de reprendre le travail plus tôt que prévu, vous devrez en discuter avec votre médecin et obtenir son autorisation.

En cas de retour anticipé, vous devez informer votre employeur de votre décision et organiser avec lui les modalités de votre reprise. De plus, vous devez informer rapidement votre organisme d’assurance maladie pour suspendre le versement des indemnités journalières correspondantes à la période de travail reprise. Gardez à l’esprit que votre reprise anticipée doit être compatible avec votre état de santé. Celle-ci doit être gérée de manière à préserver votre bien-être.

Question n°26 : Est-il possible de négocier une rupture conventionnelle après un arrêt de travail suite à un burn-out ?

Oui, si vous avez suivi les étapes correctement. Autrement dit, vous devez avoir préparé votre dossier et, le cas échéant, vous être mis en arrêt pour maladie professionnelle. Si tel est le cas, vous pouvez discuter d’une rupture conventionnelle si vous ne souhaitez plus rester au sein de l’entreprise ou si ce départ est essentiel pour votre rétablissement. Dans le cas où votre employeur est jugé responsable de votre burn-out, une indemnisation peut être négociée.

L’objectif est de veiller à ce que vous n’ayez pas à vous préoccuper de vos finances pendant votre période de récupération. Pour optimiser vos chances de succès, il est conseillé d’étendre la demande d’indemnisation à toutes les irrégularités dans la relation de travail avec l’entreprise (heures supplémentaires non rémunérées, salaire insuffisant selon la convention collective, etc.).

Souvent, l’intervention d’un avocat peut permettre de débloquer les négociations et de maximiser l’indemnisation qui vous sera attribuée. En effet, la présence d’un tiers professionnel et compétent, comme un avocat, peut amener l’employeur à prendre conscience de ses risques juridiques. Cela permet de mettre en évidence les conséquences potentielles d’une action en justice, ce qui peut inciter l’employeur à se montrer plus conciliant et ouvert à la négociation.

Question n°27 : Que faire si je conserve des séquelles après mon arrêt de travail ?

Si vous continuez à ressentir des séquelles après votre arrêt de travail, il est important d’agir pour préserver votre santé et défendre vos droits. Voici quelques étapes à envisager : 

  1. Demander une pension d’invalidité ou d’incapacité : si les séquelles que vous conservez après votre arrêt affectent votre capacité de travail de manière significative, il est recommandé de demander une pension d’invalidité ou d’incapacité. Ces prestations sont versées par l’Assurance Maladie. Elles visent à compenser la perte de revenu liée à votre état de santé. Pour cela, il est nécessaire de constituer un dossier médical solide et de faire une demande auprès de votre caisse d’assurance maladie.
  2. Reconnaissance d’une maladie professionnelle : si vos séquelles sont directement liées à votre activité professionnelle, il peut être opportun de faire reconnaître votre cas comme une maladie du travail. Cela peut renforcer vos droits en matière de prise en charge médicale, d’indemnisation et de protection sociale.

     

  3. Demande de Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) : si vos séquelles ont un impact sur votre capacité à exercer votre travail, vous pourriez également envisager de faire une demande de RQTH. Cette reconnaissance peut faciliter votre maintien en emploi ou votre réinsertion professionnelle en vous donnant accès à des mesures spécifiques, telles que l’aménagement de poste, le bénéfice de l’obligation d’emploi ou encore des aides financières spécifiques. Elle est aussi un moyen de faire valoir vos droits en tant que travailleur handicapé.

     

  4. Recours en faute inexcusable de l’employeur : si vous estimez que vos séquelles résultent d’une faute grave de votre employeur, vous pouvez envisager un recours en faute inexcusable. Ce recours vise à obtenir une indemnisation complémentaire en prouvant que l’employeur n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer votre sécurité et votre santé au travail. Il est recommandé de consulter un avocat en droit du travail pour évaluer la solidité de votre cas et engager les démarches appropriées.

Naviguer à travers les complexités des arrêts de travail et des transitions professionnelles, spécialement dans le contexte du burn-out, est loin d’être une mince affaire. Les questions et les incertitudes qui en découlent peuvent ajouter du stress à une situation déjà éprouvante. Heureusement, des ressources sont à votre disposition pour vous aider à protéger à la fois votre bien-être et votre sécurité financière.

Dans cette démarche, vous n’êtes pas seul. Nous sommes à vos côtés pour vous accompagner à chaque étape du processus. Notre équipe est prête à vous fournir des conseils juridiques et des orientations pratiques, mettant l’accent sur vos droits et obligations en tant que salarié. Que cela implique de travailler en étroite collaboration avec des médecins, de négocier avec des employeurs, ou de prendre des mesures préventives pour garantir vos droits, nous sommes là pour vous épauler.

Contactez-nous dès aujourd’hui pour commencer à élaborer un plan personnalisé, conçu pour répondre à vos besoins et circonstances spécifiques. Notre but est de vous aider à traverser cette période avec sérénité, en vous assurant que votre santé et votre bien-être sont prioritaires. Dans cet esprit, nous espérons que cet article vous servira de guide précieux, vous offrant des réflexions et des solutions concrètes pour éclairer votre chemin.